Interview du maître et de la maîtresse de chœur des abbayes de Kergonan. Extraits :

« À l’époque de Charlemagne, on est à l’âge d’or du grégorien. « Le grégorien devient l’art lyrique, accompli en état d’adoration », commente le Père Perrin de Kergonan. Certaines pièces ressemblent ainsi à une escalade mélodique, comme le grand Jubilate du Temps pascal. Et c’est un fait, le grégorien atteint au VIIIe siècle un équilibre et une adresse qui forcent l’admiration. Mais au-delà de la prouesse artistique, pour le Père Perrin, « le chant grégorien est une manière de trouver la note juste », spirituelle, la bonne position de l’homme par rapport à Dieu. « La musique se met alors au service de quelque chose qui la dépasse : la parole de Dieu. » En attendant la Jérusalem céleste, les mortels chantent. Ce n’est donc pas pour rien que le grégorien s’épanouit pendant les grands temps liturgiques : « Il figure le temps présent, dans des pièces chantées qui se renouvellent chaque jour, comme si l’Église était une grande dame qui changeait de robe à chaque liturgie ». (…)
« Gare au fixisme et aux querelles stériles, prévient Sr Marie-Emmanuel : « Le grégorien est toujours en croissance. Il y a certes des racines et un tronc, mais aussi de multiples branches qui continuent de pousser ». Et elles poussent partout, y compris sur la Toile. François-Xavier Pons défend le principe de sa Web radio qui diffuse exclusivement du grégorien : « Nous avons voulu montrer que ce n’était pas une pièce de musée conservée dans les monastères et que cela pouvait toucher l’auditeur ordinaire, même non chrétien »… » (Famille chrétienne du 21 au 27 juillet 2012 – n° 1801)